dimanche 31 mai 2009

Dimanche 31 mai 2009



A Saint Ambroix, dans cette "bande de Languedoc,
entre Cévennes et Provence", comme partout...

Notre patrimoine, saccagé, en déshérence, se privatise.
Ce patrimoine, c'est nous, notre culture.
Il n'est pas à nous, mais nous, à lui.


"Ecoute le vent dans les arbres,
Le souffle de la brise sur ta tête, le cri des racines,
La caresse du micocoulier,
Et le chant des oiseaux dans la vallée...
C'est la voix de nos ancêtres qui te parle
Et t'exhorte de les porter
Comme ils t'ont porté en eux."



UN PETIT CHEMIN QUI SENT LE THYM

ET LE CHEVRE FEUILLE,

"PERDU"... ET RESTAURE





Son symbole : un arbre multicentenaire, découvert après que l'on ait défriché, et même par endroit, tronçonné pour pouvoir passer. Il a dû voir mon aïeul, il y a 80 ans. Parlera-t-il? A-t-il "vu" ? Etait-ce un accident ? Cold case.



Une petite tour, presque troglodyte, multicentenaire elle aussi, dont on ne sait à quoi elle servait. Historiens, archivistes, érudits, au boulot...


Accès restaurés : finalement, la pioche, ce n'est pas si dur... et ça met en forme !


Plus loin... Un paysage de western, superbe, inquiétant aussi...


Un chemin, c'est un lien entre la nature, l'homme, les hommes entre eux, les animaux... et peut-être l'esprit.




Défrichage et "escalier" qui conduit à un talweg montant à La Roque, un raccourci appréciable et ombragé : lorsqu'un chemin est rendu difficile d'accès ou inaccessible, d'autres le deviennent par ricochet. A l'infini. Et en dégager un, c'est aussi en découvrir d'autres... parfois eux aussi bouchés plus loin... à l'infini aussi. Déprime, parfois.




Escalier échelle. Ecolo, amovible et commode, relativement... Mais tout en haut, le talweg est bouché sur un petit tronçon par du remblais. De quelle nature ? Mystère. On tombe sur une jolie pelouse unie... enclose dans une propriété privée. L'eau passe pourtant par dessous et coule toujours en bas, aussi limpide qu'avant. En apparence. Dévier ou arrêter le cours d'un ruisseau est dangereux : l'eau passera tout de même et saccagera tout, sur place ou... ailleurs.



Le cadastre napoléonien, aux archives de Nîmes.

Emouvant : tracé et écrit à la main, impeccable, méticuleux. Ici... on voit un puits [en haut, au milieu de la ligne en pointillés, hélas comblé], le chemin-talweg qui monte à la Roque, vertical, dessiné comme un chemin, et celui de St Victor, horizontal... et là, on a une surprise: celui-ci, à cet endroit est bien plus large qu'on ne le supposait. Dans tout le cadastre, on en voit d'autres également, la plupart malheureusement "perdus", labourés, coulés, ou bien on a construit par dessus ! Un détail : le domaine public est en principe inaliénable.



La suite, sur le terrain : le chemin communal (à droite sur le plan) surplombe une propriété privée... sans arbres à présent. Gênant certes : ici, Vôtan, curieux, observe un chat en contrebas. A présent, il a appris à marcher "droit", en chien bien élevé, même si un matou le nargue.





Et c'est là que tout se gâte: mais qu'est notre mur devenu ?! Montjoie, Saint Denis !

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D'où ce comité.


SAUVEGARDONS NOTRE PATRIMOINE


Aux jeunes qui ne se laissent pas arrêter par des barrières,
aux poètes qui y cueillent des asperges ou contemplent les orchidées,
à Jorge qui y a durement travaillé,
à Fred le parisien qui y fait son apprentissage de paysan,
à Christian qui y retrouve son père,
à Mireille qui va y retourner sous peu, à plat à présent,
à Sandra qui y cultivait son jardin,
Aux "vieux" qui allaient y récolter les légumes de la soupe,
à Madame Pantousié qui y voit flotter l’âme de sa mère,
à Georgette qui y a trimé dans sa jeunesse,
aux fileuses qui se brûlaient les doigts,
et étouffaient dans la puanteur des chrysalides,
à tous… Ce chemin...


Ces splendeurs: notre patrimoine naturel et culturel voire cultuel, ces murs de pierres, quasiment occultés depuis longtemps, sont à présent relativement accessibles: pioche, sécateur, tronçonneuse (des troncs étaient parfois tombés en travers) et de la bonne volonté: c'est fait… A la collectivité de suivre : un mur s’est éboulé. Il
sera rebâti... sous peu : c'est au pied du mur dit-on, que l'on voit... l'engagement de l'élu. Ecolos ? Parfois. Mous ? Parfois aussi. Ca dépend... s'il y a du vent ? Egalement.


Un cadeau d'un ami à une maladroite. Merci.




L'échelle de Jacob ! Biblique.



"Comité de sauvegarde de notre patrimoine.

Partout, des campagnes, chemins, lieux historiques, baignades... deviennent inaccessibles et sont dégradés : peu à peu, nous délaissons les plaisirs naturels et gratuits, marcher, jouir d’un panorama, sentir des odeurs, observer la faune, la flore, se baigner dans un gourg… pour des loisirs imposés coûteux, artificiels, malsains, polluants : télé, piscines, autos. Notre patrimoine culturel fout le camp, ce patrimoine exceptionnel qui nous a été légué depuis des siècles encore intact par endroits : nos enfants sont privés de ce qui a enchanté notre vie.

Avant que ce ne soit irrémédiable, réagissons : allons nous promener ! Pique niquer, découvrir une grotte, des castors, oiseaux, plantes (parfois rares !) Rattrapons le coup si possible..."




Et c'est possible. Les mains, ça peut servir parfois... (Sexy, non ?)





Mais ça valait le coup !



Quelques débris cependant, sur les bords, trois fois rien.


"Faisons aussi appel à nos élus. Notre région, chargée d’histoire, poétique et belle, partout est exaltée : un phare. Respectons la, faisons la respecter ! Et soyons vigilants : le saccage écologique ressemble parfois à de la « revalorisation » ! Abattage d’arbres, de buttées, comblement et déviation de ruisseaux remplacés par des pelouses, terrains de golf tape à l’œil… conduiront et ont déjà conduit à des catastrophes annoncées : sous peu, la terre qu’ils retenaient ou canalisaient glissera, l’eau emportera tout et partout. Ce sera donc à nous de rebâtir. Les promoteurs ? Indemnisés, loin. Bénéficiaires. L’addition ? Devinez."

Hélène Larrivé. Pour un comité de sauvegarde, avec le « Réboussier » (voir le blog et le site « larrive.info ».) 06 87 55 42 13 ou 04 66 61 37 12.
Renvoyez la feuille : 513 ch Ranquet St Ambroix 30 ou laissez un message signature sur le net.

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Et voici l'historique. L'expédition (la première croisade)



Départ, équipement : tout va bien encore.





On passe, et même assez bien. Ca sent la brise, le chèvre feuille... le soleil. L'âme de mes ancêtres ? aussi. Mais...





Mais voilà donc. Convivial.



Une image pénible qui vient à l'esprit: une éventration

Même Vôtan hésite. "On y va, tu es sûre ? Tu vas encore bouler..."




Ce n'était qu'une mauvaise passe : car juste après, on retrouve le chemin, intact ou presque... Il ne fallait pas se croire au bout, ce que supposent sans doute des promeneurs non avertis qui ont réussi à franchir les accès (pas faciles avant.)




Et plus loin, c'est le miracle. Un des miracles. Un petit gourg à l'eau cristalline coulant même l'été. Jean de Florette ? Oui : à l'envers.



Un miracle... Suivi de plusieurs. En voici un deuxième : c'est le vénérable plusieurs fois centenaire. Il faut l'interroger sur mon aïeul. Je l'ai tenté : il n'est encore pas très loquace, déshabitué qu'il est aux hommes, mais ça viendra. Il faut surtout le débarrasser de ce lierre qui l'importune. Lors du prochain passage, pensons-y.





Et le talweg, (chemin ruisseau) tout au fond, perdu dans des broussailles, mais intact, qui semble même "pavé". Quelques vestiges pas encore archéologiques cependant, de ça de là : restes de voitures, casseroles, vêtements. Rien de grave. Amener des sacs poubelles SVP.




Et en bas du talweg, un monument hiératique, bordé de murs immenses parfaitement ouvragés, dans un état impeccable d'un côté... Les anciens savaient construire.

C'est la "route" perdue qui monte jusqu'à Saint Brès, Saint Geniès, Saint Sauveur et en rejoint une autre qui va à Barjac, celle qu'empruntait sans doute mon aïeul... Comment les maçons d'autrefois ont-il pu réaliser un tel ouvrage,
avec des pierres énormes, dans un endroit pareil ? C'est le chemin de la Viguerie, auparavant enfoui et récemment dégagé par l'eau (en 2002). Il comporte un puits très haut qui ressemble à une tour : profond, ses bords circulaires semblent faits au compas. Attention: des sangliers occupent le lieu et ils n'ont pas le sens de la propriété commune. Mieux vaut venir avec un chien, l'odeur les fait fuir.






La remontée, d'un point à un autre. Passer par la montagne pour éviter la passe dangereuse du chemin ? une idée idiote. Le soleil, la roche nue, les éboulis et les épineux... Déconseillé, surtout en cuissardes. C'est Vôtan qui m'a tirée d'un mauvais pas. Il m'a léchée sans arrêt pour me "réveiller", faisant circuler le sang vers le cerveau, puis conduite vers un passage qu'il avait découvert, (deviné?), moins rude. Durant tout le temps que j'étais allongée, il s'est mis entre le soleil et moi. Lorsque les gendarmes sont arrivés à la route, je sortais avec lui des broussailles, hirsute, sans lunettes -perdues- ni foulard -perdu aussi- vêtements déchirés, mais relativement, en bon état. Le soleil avait baissé.



Ce photo reportage lui est dédié.




Ainsi qu'à Lydie, pour qui j'ai commencé à restaurer ce chemin. Le temps, "une illusion persistante"...






EPILOGUE


Et, après que nous eûmes pioché, défriché, brûlé, charroyé, tronçonné et quasiment sécurisé les lieux (en tout cas, bien moins risqués
à présent) que croyez-vous qu'il advînt ? Le chemin a été interdit !

Tout ceci aurait-il été fait en vain, du moins pour l'instant?
Qu'importe, il fallait le faire. "Il faut imaginer Sisyphe heureux." Mais pas de panique : dans "quelque temps", il sera réparé... [Dans un mois dans un an... que le jour recommence et que le jour finisse... sans que jamais etc...] Ca continue donc, mais cette fois, sur un flan inattendu. Alors ? On est écolo oui ou non ? C'est au pied du mur etc...



Et un peu de pub à présent : le travail bénévole, c'est bien, mais ça ne nourrit pas sa femme, son (ou plutôt ses) chiens, chats, ânes etc... Voir les blogs actualité HBL (Darfour, Femmes d'Iran, Secret d'actualité...) dont le sommaire se trouve sur :
http://larrive.blogspot.com

Et mon dernier livre "Le puits de Célas", qui fait suite aux "Lettres à Lydie" (à l'origine, c'était une préface) disponible dans toutes les bonnes librairies et à la "Maison de la presse" en particulier.
En cours d'édition : "Les chants philosophiques"... qui se déroulent bizarrement... sur une terre qui jouxte ce chemin. Un essai philosophique sur la nature.
Autres activités d'HBL : des sites Internet, rédaction, conception etc... (Ecrivain public et informatique.) 0687554213
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Et pour finir, quelques réflexions sur le pouvoir et le droit

Ne pas dépasser la dose prescrite. Peut-on outre passer ses devoirs ?


Obéir à ses devoirs, c’est bien, mais pas les outrepasser. [Observation d’un élu.]


La formule semble curieuse... Mais elle est juste : droit et devoir sont les deux faces d’une même médaille, le droit de l’un est le devoir de l’autre et vice versa : donc obéir à ses droits est la même chose qu’obéir à ses devoirs. La même barque qui nous porte tous coulera avec nous si un seul la perce, même « juste de son côté », qui lui « appartient ».


Donc outrepasser ses devoirs, c'est aussi outrepasser ses droits. Cela soulage la barque mais peut sembler quête de pouvoir ou ingérence. L’excès de devoir est rarement reproché car le plus souvent on s’en remet au pouvoir pour faire respecter le droit, même dans des cas que l’on pourrait prendre en charge seul. On se croit impuissant, et par définition le contrevenant est souvent sûr de lui ; on craint des représailles, et par définition, le contrevenant est souvent offensif ; on veut la paix : on se défausse.


Et cependant lorsqu’on peut rétablir le droit ou y contribuer faiblement [une pierre enlevée au milieu d’un chemin, une ronce…] on le doit. Cela peut-il conduire à une remise en cause du pouvoir, qui, ayant une vue plus large, apprécie autrement les urgences? Pourrait-on en profiter ? Excès de devoir = excès de pouvoir ? Incontournable ; de même que l'appréciation des urgences.


Mais le Pouvoir, qui se heurte à la passivité des uns [le sollicitant pour des futilités] et peut-être à l’excès des autres [qui prendraient en main une affaire lui incombant] met le citoyen sur le fil du rasoir : que faire ? Rien ? Assistanat. Trop ? Ingérence. Juste ce qui faut? Difficile lorsqu’on s’y est collé ; surtout lorsque d’autres ont pris la suite.


Il est vrai qu’un geste civique de bonne foi peut figurer [pour celui qu’il dérange] une ingérence. [Du moins l’affirme-t-il.] Celui qui se soucie peu des intérêts communs est souvent âpre aux siens : logique. [Un délinquant violent se plaignant d'une arrestation "virile" ... sans commune mesure avec ce que lui même a commis, c'est classique ; un "désinvolte" quant à la propriété (des autres) bataillant ensuite mètre à... centimètre ! pour sauver, si peu que ce soit, sa mise, c'est banal.] Or le pouvoir doit ménager chèvre et chou [et davantage la biquette qui a les cornes plus acérées], tout un art : entre éthique, pronostic et démagogie. [Nous avons (ou avions) confiance en vous certes ; mais le pouvoir modifie. Tous. Même le simple citoyen. C'est inéluctable.]




Entre chèvre




Et chou



Mais si le gouvernant doit louvoyer pour plaire à tous, le gouverné, lui, est libre d’agir : or l’engagement écolo étant nôtre, identiquement [jusqu’à preuve du contraire] la question d’ingérence ici ne se pose pas. Ou alors cela signifierait que le vôtre comporterait des limites... ou pire, serait versatile, voire démagogique. Cette question de limite, c’est donc à vous à présent qu’elle se pose : l’écologie n’étant en principe pas le fait des inciviques [logique !] plutôt sis du côté où penche la balance [et il y a peu, elle penchait mal, non?] c’est à dire de leur intérêt, et à court terme, jouer leur jeu est erreur et faute.




La politique a ses raisons que l’éthique ignore, soit… mais ne pas dépasser la dose prescrite. [Comme c’est facile ! Qui veut noyer son chemin l'accuse de... Et voici que l’interdit devient officiel. C'est carré.] Imaginez un autre scénar. Un autre ? Voire... supposons que je fasse tomber le mur en haut de chez moi qui s’éboule. J’espère que vous allez enfin interdire ce chemin dangereux qui me surplombe : vous êtes responsables en cas d'accident, je le dis par pur souci civique et évidemment nullement parce que les fâcheux qui passent au dessus de chez moi m’insupportent, surtout depuis qu'il n'y a plus d'arbres pour me protéger des contrariants, même peu nombreux. Drôle, non ?



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Le pouvoir modifie

Que vous nous déceviez un peu est naturel : le pouvoir change inéluctablement les gens, qu'il s'agisse d'un simple prof, d'un proviseur de lycée, d'un président de jury de bac, d'un citoyen ou d'élus du peuple... même les plus intègres. Le pouvoir, c'est des responsabilités, des comptes à rendre, la crainte de ne pas se montrer à la hauteur, être entre marteau et enclume... épié, scruté, manipulé, flagorné ou menacé, harcelé. Cela change donc celui qui l'exerce et qui en
subit ses aléas. Mais pas à ce point. Une question de limite, toujours. Délicate ? Oui. OK mes amis ? Vous l'avez choisi : nous pas, (moi en tout cas). Justement pour demeurer libre de dire, d'écrire, et de faire. A vous d'assurer. On ne peut pas tout et pas sans vous. Contre vous ? Ce n'était pas prévu. [Mais s'il ne peut en être autrement, ça peut aussi.]